Au loin, les deux domestiques apercevaient enfin un domaine, le chemin avait été long, très long, et ils espéraient que ce domaine soit bien celui d'Aviré, comme le leur avait indiqué le dernier paysans qu'ils avaient rencontré. Derrière eux, un chariot, un chariot dont ils étaient pressés de se débarrasser. Monseigneur Kurios n'avait jamais été exigent, sauf quand il s'agissait de sa cave ou de sa petite fille. La petite avait été traitée comme une princesse, et n'avait jamais manqué de rien. Et ces deux là se rappelleraient toujours le jour ou Messire Bahia avait déposé sa fille avant de partir en guerre. Elle était si mignonne, mais qu'est ce qu'elle criait fort en voyant son père s'éloigner.... Aujourd'hui, cette petite avait grandi, et c'est elle à présent qui leur donnait la plupart des ordres qu'ils recevaient, tous aussi exigeants les uns que les autres, et parfois si étranges. Le dernier en date avait été de récupérer le corps d'un homme, messire Siny de Kreneg-Monfort qu'elle leur avait dit, à Rieux, puis de l'amener ici, dans le domaine d'Aviré. Ils s'étaient alors exécutés, sans un mot, s'interrogeant sur la requête de la jeune fille, et se disant qu'ils la préféraient petite, lorsqu'elle ne lâchait pas son grand père d'un semelle. Ils arrivèrent devant le portail et s'adressèrent respectueusement aux gardes
Nous apportons le corps de Messire Siny de Kreneg-Montfort, sur ordre d'Aricie de Ménéac.